Alors que nous commencions à descendre doucement dans le sud de l’île du sud, c’est à Christchuch que nous avons fait demi-tour pour nous lancer dans une période d’essai en tant que serveur et serveuse au Vintage Bar & Bistro.
Jour 1 : Premier jour de Taff
Nous avons passé la nuit à Christchurch sachant que nous commencions notre semaine d’essai à 18h le lendemain. Nous n’avons pas fait grand chose mis à part nous reposer et avancer dans nos trucs personnels. Après un bon burger maison, un petit rangement du van, retour à Hanmer Springs pour notre premier jour d’essai.
Rencontre des collègues et speed learning
Déjà, nous sommes arrivés pour travailler, nous avions zéro notion du temps de travail à effectuer, de la tenue à avoir ou même du salaire (au plus bas selon nous). Le manager de 21 ans m’a directement demandé de changer de tee-shirt pour en mettre un noir (c’était bien la peine d’avoir réclamé plusieurs fois les modalités de travail). C’était donc pour moi, un aller et retour au van avec environ 20 minutes de marche aller, pour me changer. Sur place, c’est le manager de 20 ans qui m’a formée alors que Thibaut était avec une autre serveuse. Former c’est un grand mot. Il m’a rapidement fait parcourir la carte, en deux secondes montrer le code de la machine pour passer les commandes, il a passé une commande en mode speed, sans que j’ai le temps de voir où il cliquait. Bref. C’était à moi de me débrouiller, c’est bien, ça me prouverait de quoi j’étais capable. J’ai dû apprendre en un soir comment installer les personnes, prendre commande, indiquer le plat du jour (le même depuis 10 mois avec en roast of the day, le bœuf et le poisson du fish & chips fish l’orange roughy). J’aurais bien galérer à retenir tout ça, en plus du dessert du jour : un cookie et cream cheesecake. Si à la fin du service j’était un peu plus détendue, j’ai eu pas mal de difficulté devant mes deux premières clientes, à moitié pétrifiée, perdant tous mes moyens. Je me suis même vue ramener des finger rinse à une petit couple de personnes agées n’ayant pas compris qu’ils voulaient simplement des couverts. Heureusement en Nouvelle-Zélande la plupart des personnes sont adorables et ont en toute gentillesse, apprécié la petite touche européenne du finger rinse.
Bilan de fin de service, première journée
Nous aurons travaillé de 18h à 21h30. Après l’apprentissage du nettoyage de salle et de toilettes, nous avons demandé un petit bilan au manager (qu’on avait d’ailleurs un peu de mal à cerner). Il répondait pendant le service à moitié à nos questions nous laissant nous débrouillait et était super froid, souriait à pleine dents aux clients et plaisantait avec le reste de l’équipe. Nous ne savions pas trop sur quel pied danser.
À la fin du service, ce que nous retenions de ses dires c’était que nous apprenions vite, mais que nous devions être plus confiants et souriant devant les clients, plus rapide dans le service : donner les menus, prendre les commandes etc. Quoi qu’il en soit, nous avons fini le service avec deux pintes, avant de continuer jusque 1h30 du matin avec un groupe de français qui travaillait là, à discuter du travail, du fonctionnement, des pvtistes français qui ne veulent rencontrer que des français et j’en passe. Nous avons appris qu’il pouvait être possible de faire beaucoup d’heures pour gagner un maximum d’argent en moins de temps possible.
Notre première semaine de travail
Entre incompréhension des horaires, remarque sexiste et motivation, cette première semaine aura été une semaine de test et de mise à l’épreuve (pour moi).
Savoir être flexible
Lendemain de notre premier jour, mardi donc, nous avons appris que le restaurant était fermé sans aucune raison. On aura cherché pourquoi, ce n’était ni par fermeture habituelle du restaurant, ni par jour férié. Nous aurons attendu toute la journée un sms pour connaître nos horaires, jusqu’à aller voir le café d’à côté (le propriétaire est le même) pour poser la question. Pendant deux jours nous nous sommes demandés si nous allions réellement rester. Le jeu n’en valait pas la chandelle : 3h de travail par jour, à rester cloitrer au matin et tourner en rond. En effet, nous cherchions déjà quoi faire mercredi matin pour nous occuper, ayant déjà presque tout fait aux alentours). Nous avions d’autres propositions d’embauche, dont un entretien le jeudi.
Nous avons commencé les négociations mercredi soir quand on nous a demandé combien de jours nous voulions rester. Tout dépendrait de ce qu’ils pouvaient nous proposer. À la fin du service, nous avons acquiescé pour deux mois de travail moyennement au minimum une journée de 7h par jour (au final, jamais notre demande n’aura été écoutée).
Des clients doux et amoureux des français
C’est à 18h que nous avons commencé notre deuxième service (mercredi donc) avec des petites têtes que nous reconnaissions. C’était une tablée de trois personnes, deux français et une hollandaise que nous venions de rencontrer sur le freecamp la veille et avec qui nous avions bien accroché.
Il faut dire que le reste des clients Néo-Zélandais ne sont pas compliqués et sont même généralement sympathiques avec les serveurs, surtout si vous êtes français (ils adorent l’accent). Très curieux, ils ont été deux ou trois tables à nous demander si nous étions français, d’où nous venions, à nous faire des compliments sur notre service, (on a aussi complimenté mes lunettes) et à simplement discuter avec nous.
Savoir supporter les commentaires, très limites
Outre les reprises et réflexions au sujet travail, qui sont tout à fait normales car nous étions en semaine d’apprentissage, j’ai beaucoup moins apprécié la messe basse entre le manager et un des cuisiniers, dès le premier jour à mon sujet (il me semble). Si je ne savais pas réellement ce qu’ils avaient dit (car ils ont parlé en Indien et je ne parle pas deux mots de cette langue), j’étais persuadée que c’était à cause de mon no-bra. C’est lors de notre second jour de travail, mercredi donc, que j’aurais eu la certitude qu’il s’agissait de ça. Le manager m’a demandé en cachette de mettre un tee-shirt de restaurant, ignorant de faire pareille avec Thibaut. J’ai tenté de garder mon calme sans pour autant cacher mon mécontentement toute la fin de soirée. Par ailleurs, voyant que j’en parlais à Thibaut qui se disait innocemment qu’il n’en avait pas eu, le manager a compris que nous en parlions. Et c’est vers moi (Et non !). C’est vers Thibaut qu’il s’est dirigé pour expliquer “Sorry, You know… No bra…”. [ ………… ]
Bref j’étais un peu outrée et si ça m’a bien énervée et que j’ai trouvé ça plutôt dégradant, j’avais décidé de ne rien dire, à regret. Je décidais de faire mon job, un peu honteuse de mettre mes valeurs de côté, par manque de temps d’aller tenter ma chance ailleurs. Ça ferait bien sur le cv et au porte monnaie et puis au final, jamais je n’aurai porté de soutien gorge au travail, des six semaines.
Petit aparté, après vérification de la loi (française en tout cas), j’ai lu que le respect d’une tenue réglementaire doit pouvoir s’appliquer aux deux genres. Si l’on demande à une femme de se changer car ses tétons dérangent, c’est une réflexion sexiste puisqu’on ne dira rien à l’homme, qui lui aussi en a… Et donc, imposer une tenue vestimentaire dans le cadre de son travail, doit pouvoir s’appliquer à un homme et comme à une femme.
Nos visites pendant la période de travail
En travaillant le soir, cela nous laissait tout le loisir de visiter (encore) Hanmer Springs. Je dis tout, sur ce qu’il y a à a faire dans cette petite ville Alpine.
Jour 2 : randonnée au sommet de Hanmer Springs
Après un réveil tardif, un petit-déjeuner au soleil, une lessive et une tentative de nettoyage partiel du van et du repas de midi, nous souhaitions sortir un peu de notre bulle et profiter d’une journée de fermeture pour visiter un peu plus Hanmer Springs. C’est par une promenade au sommet d’un des monts de la ville que nous avons rempli notre début d’après-midi.
La Conical Hill Loop Track, est une petite boucle en zigzag d’une heure à travers la forêt qui permet d’atteindre la colline conique située à Hanmer Springs. La plate-forme panoramique offre une vue sur la ville et les chaînes de montagnes environnantes avant de de nous avoir fait passer par un parc assez grand, où il est possible de pique-niquer.
Jour 3 : on a commencé à tourner en rond
Dès mercredi matin que nous avons commencé à tourner en rond, ne sachant pas nos haires de travail et s’ils allaient réellement nous garder au Vintage. Après une matinée à chiller, jouer aux cartes, me faire piquer par une abeille en voulant taper sur une carte (douleurs jusqu’au surlendemain soir quand même), nous avons voulu occuper notre après-midi à retourner dans la ville faire un changement d’eau, quelques boutiques, squatter la bibliothèque pour brancher nos affaires et… tourner en rond comme des hamsters. On a bien voulu aller boire un café à 17h mais il était déjà fermé. C’est bredouille que nous sommes remontés au freecamp pour manger un peu avant de descendre travailler pour 18h.
Jour 4 : Nous avons suivi notre instinct à tord
Encore une fois, n’ayant pas reçu de message pour savoir quand nous devions commencer le service (nous étions généralement prévenus 1 heure avant), nous avions décidé de faire quelque chose de notre matinée et d’emprunter un autre chemin de forêt. Sauf que plusieurs voies se croisaient et à force de vouloir en suivre une, puis une autre, nous nous sommes retrouvés derrière la colline de la Conical Hill Loop Track. Autant dire que nous nous étions bien éloignés. Voyant l’heure passer, nous nous sommes dit que ce serait bien de faire demi tour. Au final le retour aura pris plus de temps que ce que nous pensions, mais nous aurons eu une très jolie vue sur les montagnes orangées.
Jour 5 : Hanmer Springs River Reserve
C’est à 16h que nous avons appris que nous avions notre journée de libre (c’est bien ça pour l’organisation). Nous voulions aller aux spas de la ville, mais comme ils étaient assez chers, nous voulions pouvoir en profiter toute la journée. Raté pour cette fois. Décidément, nous n’aurons pas beaucoup travaillé avec la veille, 4h45 de service… Ça laissait à désirer et nous attendions le lendemain pour savoir si nous restions ou non, ayant de nouveau essayé de négocier une journée complète de travail (on nous aura vendu un 6h/jour). Bref, comme nous en avions assez de rester enfermés dans le van, même si nous avions profité de la matinée de libre pour faire quelques courses, un bon plat et se poser devant une rivière pour y tremper les pieds ; nous avons voulu entamer une petite promenade de 30 min en longeant la rivière. Le paysage me faisait un peu penser à celui dans les films d’ouest américain. Très joli, très brute. Bonne pioche, il se trouvait que le stationnement était aussi un freecamp. Nous décidions de nous y poser pour éviter de se faire prendre à squatter depuis une semaine l’autre freecamp de la ville. C’est aussi à ce moment là, que nous nous avons passé la soirée à nous demander si nous voulions continuer dans la restauration d’Hanmer Springs ou non, ayant la sensation que nos employeurs se jouaient de nous.