C’est dans des vergers que nous avons entamé notre second woofing situé à Havelock North. Nous avons été accueillis par un couple de septuagénaire dans une immense maison entourée de prés dédiés à la culture et vente de pommiers et de pruniers.
Les matinées de travail
Le travail dans les vergers
Nous pensions que nous aurions l’occasion à la fin de nos deux premières semaines pouvoir être payés chez Ian et Winifred (c’était le nom de nos hosts). Mais comme nous venions finalement tôt pour la saison du fruitpicking, ce plan était, selon nous, tombé à l’eau ; ce qui ne nous a pas empêchés d’apprendre un peu à gérer les arbres fruitiers. En effet, nous avons appris à greffer une espèce de pommier à une autre, ainsi qu’optimiser le rendement pour les pommes à venir l’année suivante. Je vous explique tout ça.
La greffe des pommiers. Mais pour quoi faire ?
Selon Ian, il était nécessaire de remplacer les traditionnelles pink ladies par des queens car ces dernières sont mieux vendues en Asie. Donc pour pouvoir faire de meilleures ventes, il faut savoir s’adapter au marché (logique). Sauf que lorsque vous avez planté une variété de pommiers, il est possible au lieu de tout retirer et recommencer leur pousse depuis la graine ; de greffer (comme en chirurgie) des branches d’un pommier (ici la queen) au tronc de base (ici pink ladies). Pour cela, vous devez retirer toutes les branches déjà poussées jusqu’à retirer la tête de l’arbre (en gros, il ne reste que le tronc de base). C’est ici que commençait notre travail sur les pommiers.
C’est une question de minutie. Le moindre petit trou peu abimer l’arbre qui est à vif (puisque tronçonné) et créer avec la pluie de la moisissure et la mort de l’arbre. C’est donc un travail délicat à mon sens et parfois incertain si mal fait.
Pour vous expliquer un peut tout ça : petit tuto.
Vous avez devant vous la base de l’arbre : le tronc, auquel il faut ajouter les branches. Mais pour une bonne greffe, il faut que les tissus internes soient parfaitement en contact pour se lier au tronc, écorché à vif. Nous avons vu plusieurs techniques, plus ou moins simples, mais nous avons gardé la principale : la greffe depuis le tronc (sinon vous pouvez tenter avec une petite branche via encoche).
Il faut pour cela, tailler les deux parties du bout de bois (d’environ 10 centimètres) avant de les insérer dans le tronc en créant deux incisions (attention à ce que ce ne soit pas une partie abimée du tronc à cause de la tronçonneuse). Les entailles doivent être lisses et nettes pour un meilleur fonctionnement de la greffe (ne pas hésiter à appuyer le morceau de bois contre vous rester le plus droit possible en taillant le bout). Vous les glissez ensuite dans vos entailles au niveau du tronc (vous soulevez juste une partie de l’entaille) avant de bien serrer et maintenir le tout avec du papier film, puis du scotch pour être certain que le tout reste en place. Afin d’éviter la pourriture de l’arbre qui est à vif, il faut procéder au mastiquage des plaies avec du wax (de la cire) ou de la vaseline pour combler les trous et protéger la plaie des intempéries. Une fois chose faite, il suffit de recouvrir toutes les parties à vif (le tronc et son contour, ainsi que le haut des petites branches greffées) avec de la peinture adéquate.
Quand les deux branches se seront correctement greffées au tronc (il faut compter environ 3 semaines), elles vont commencer à émettre des petites pousses. C’est ici qu’il faudra décider quelle greffe conserver, normalement la plus solide, qui créera ensuite votre base. Autrement dit, vous ne garderez qu’une greffe sur les deux, car sinon, l’arbre pourrait manquer d’énergie pour pousser et ne pas produire assez de fruits.
Abaisser les branches des pommiers ? Un peu étrange non ?
Encore une fois, dans l’optique d’un rendement optimal en terme de fruits, quand vous avez des arbres plantés très proches les uns des autres, il y a des techniques.
Tout d’abord, l’arbre va toujours essayer de chercher la lumière du soleil. Comme toute plante, ses branches pousseront vers le haut : ce qui ne permet pas un rendement assez important en fruits (ici nos amies les pommes) puisqu’ils ne laisseront pas place à plusieurs branches. Je m’explique ; si toutes les branches poussent à l’horizontal, les fruits créeront du poids sur la branche ce qui les fera pousser en direction du sol, et permettront aux branches supérieures de pouvoir se développer. Sans cette technique, toute l’énergie de l’arbre passera à grandir pour puiser la lumière du soleil et non à créer les fruits. C’est pour cela, qu’il est utile d’abaisser les branches des arbres à l’horizontale (pas trop haut, ni trop bas). C’est dans la première année des branches (aux bourgeons mais sans fleurs) qu’il faut les abaisser si nécessaire.
On nous expliquait également, que les branches trop épaisses demandaient également trop d’énergie à l’arbre pour à la fois produire des fruits et grandir. De ce fait, ils privilégient les branches plus fines, courtes avec plein de petits bourgeons plutôt que les bases solides. L’arbre va ainsi garder un tronc principal, pousser à la verticale et est optimisé avec plein de petites branches autour de lui.
Et ça, c’est toute une technique !
Le travail dans les jardins et les “à côtés”
Faire du Woofing, c’est aider donc tout faire et ne rien faire durant une matinée. C’est comme ça que nous nous sommes retrouvés à devoir retirer les mauvaises herbes du potager, présentes depuis le covid (je peux vous dire qu’il y en avait du travail). Mais pas seulement ! Nous avons également été missionnés pour gérer avec Winifred le ménage du air BNB qu’ils font louer le vendredi de notre première semaine de Woofing et devoir retirer les mauvaises herbes tout autour de la location (comme apparemment nous sommes doués pour ça).
Avant –
de commencer à travailler
Après –
avoir bien travaillé
Et bonne nouvelle, comme on a bien travaillé et que Ian et Win étaient en retard dans les greffes, ils nous ont proposé de rester une semaine de plus en travail payé ! Bon… Moins d’une semaine entre vendredi 20 octobre qui était férié (on a pu travailler un peu le samedi matin pour gérer le ménage du air BNB en leur absence) et lundi 23 octobre était également férié. Mais en vrai, on était bien payés, et ça faisait du bien au porte monnaie. Mais ça, c’est pour un prochain article !
Entre vie personnelle et vie en communauté
Il faut savoir que chez ces hosts là, nous avons beaucoup moins partagé la vie du quotidien qu’avec Cathy et James. Nous avons eu l’habitude de squatter leur terrasse lors de beau temps et quelques fois le salon à cause des problèmes internet et du mauvais temps. Mais sinon, nous avions notre petite résidence personnelle à côté de la maison, ce qui permettait un peu moins d’échange hormis les repas et plus de vie personnelle.
L’espace de vie
Kitchenette, salle de bain et chambre. Le minimum syndical parfait pour vivre deux semaines avec quelques petits bêbêtes et problèmes techniques, mais c’est l’aventure quoi ! La première semaine j’ai trouvé 4 cafards que j’ai dû exterminer à la bombe parce que je ne savais pas quoi faire d’eux (yuuuurk – et désolée les cafards et le respect de la vie). Il y avait ce soucis de douche entre pression et eau chaude mais ça allait encore (au moins nous avions une douche et de l’eau chaude). Et puis ce problème de machine à laver qui déborde car la couette prenait trop de place dedans, sans compter les problèmes internets.
Le reste tout était nickel. Un peu vintage, un peu froid dans la salle de bain car la fenêtre semblait cassée, mais on chauffait le micro appartement avec le radiateur électrique de la chambre. Il faut savoir que ce petit bâtiment, avec poules comme voisins qui vous réveillaient bien tôt au matin (aucune chance d’être en retard au travail, si on ajoute les pleurs des moutons à côté), sert d’habitation à leurs enfants quand ils viennent leur rendre visite.
Temps de repas et d’échanges
Nos temps d’échanges avec nos hosts, qui n’avaient pas connu beaucoup de Woofing non plus (il y avait eu un couple d’américains avant nous et c’est tout, je crois), étaient principalement lors des repas du midi et du soir. C’est Win qui préparait tous les repas et qui se chargeait de tout nettoyer (contrairement à chez Cathy et James ou nous avions pris l’habitude de faire la vaisselle avec eux – comme je l’ai dit, nous vivions avec eux).
Le midi c’était souvent à la débrouillardise avec plusieurs éléments sur la table et chacun se faisait ses sandwichs avec les restes et les ingrédients mis à disposition.
Le soir c’était déjà un peu plus élaboré, notamment les week-ends où nous avions le droit à quelques petits verres d’alcool. Vendredi c’était à la bonne franquette avec au midi notre première pie (recette de nouvelle-zélande, j’ai l’impression) ; qui ressemble plutôt à une tourte individuelle. Le soir c’était petite commande au Mac’s Fish Supply d’Hastings pour un Fish & chips et un spring roll (rouleau de printemps). Dimanche soir (meilleur de tous), nous avons eu le droit avec un petit verre de vin rouge, à du mouton qu’ils avaient fait abattre (leur mouton donc) avec une petite sauce qui va bien, des pommes de terres douces cuitent au four, du chou-fleur épicé et des petits pois. Le pied.
À savoir que Win faisait souvent des petits desserts pour le soir comme des crumbles aux fruits (pommes ou prunes), un gâteau dairy free (vegan puisqu’il n’y avait même pas d’œuf), du pudding rice (c’est comme du riz au lait mais avec du végé pour que je puisse en manger). Bref, toujours une petite attention.
Tous les sujets pouvaient venir sur la table : politique (car à la fin de la première semaine c’étaient les élections), nos familles, nos voyages, ce que nous pouvions visiter dans la régions, le travail et le fonctionnement de leurs cultures, la conduite, etc. Ce qui était touchant, c’était de savoir que Win avait appris pendant deux ou trois ans le français et tentait quelque fois de nous faire des petites phrases dans notre langue ou demandait la traduction de certains mots. Je trouvais ça beaucoup trop mignon.
Bonus : c’est comme si tous les néo-Zélandais avaient des chiens. Entre leur chien Renesmee (pour ceux qui ont la ref, ça vient de twilight), ou ceux de leurs employés que nous voyions aux pauses, nous étions bien entourés. Sans parler des moutons saucisses (il étaient tout gros avec leur laine) peureux en nous voyant et des poules/coqs.
Petite fierté (enfin, si on peut dire), car Wins nous avait dit que Renesmee devait bien nous aimer car elle ne nous mordillait pas, ce qui est apparemment assez rare. Elle nous aboyait systématiquement dessus quand nous nous approchions de la maison, mais après quelques caresses, elle devenait toute douce. Spoil pour la suite, mais elle a même fini par nous adopter, si bien, que nous devions parfois la prendre dans notre logement pour la nuit.
Après-midis entre détente et visite
Beaucoup de repos…
En après-midi de semaine, même combat que chez nos précédents hosts : c’était surtout du repos après les repas à 12h30 pile jusque 18h45 environ (les Néo-Zélandais mangent super tôt : on finit pas s’y habituer). Ça nous permettait de profiter de la terrasse et du soleil pour avancer sur nos tâches comme les réseaux sociaux, l’avancée du voyage, la recherche de travail, les articles de blogs et le tri des photos. Donc sur ce point, à part profiter du soleil et bronzer un peu, il n’y a pas grand chose à en dire.
… Mais aussi des visites des villes
Il est arrivé, contrairement quand nous étions à Kapiti Coast, que nous bougions une ou deux fois en semaine pour visiter Hastings et Havelock North. Nous pensions qu’à Havelock North, ou du moins à Hastings (qui est une plus grande ville) nous trouverions quelques trucs à faire, mais globalement, ce fut principalement de la visite dans les rues, et comme nous avions déjà visité le précédent week-end, le musée, nous n’avions plus grand chose à faire. Nous avons donc fait un petit tour à l’office du tourisme, parlé avec les dames et découvert l’existence d’un festival d’art dans le coin. Nous nous étions également renseignés sur les wineries à faire dans le coin niveau horaires et prix.
Découverte d’un shop de miel
Sous les conseils de Win, nous avions également voulu découvrir une miellerie (on aime les néologismes ici) mais les visites gratuites ne sont programmées que pendant l’été. Cela dit, ça ne nous a pas empêchés de redécouvrir un peu ces insectes et de goûter absolument tous les miels mis à disposition (deux fois).
Par exemple, on a appris à repérer la reine (globalement elle est plus grande que les autres). On a découvert qu’un groupe d’abeilles ça créait de la chaleur et on a aussi pu les écouter bourdonner au travers de la vitre.
Une dégustation de vin
Nous avons enfin pu réaliser une dégustation de vin. C’était en tout : 4 blancs de testés, 2 rosés et 8 vins rouges (je crois). C’était assez amusant de pouvoir en goûter. Nous parvenions parfois à sentir du poulet rôti dans le vin blanc et le côté chaleureux, de la bonne viande en ce qui concerne le vin rouge. Tout ça c’est beau, mais quand la personne qui nous faisait tester le vin a compris que nous ne nous y connaissions pas trop (on avait pas mal de scrupules à recracher le vin – on préférait l’avaler en tant que bon novices), il a rapidement commencé à abréger ses explications, voire passer certains détails sans trop s’en préoccuper. Ça restait un bon moment de découverte, peut-être aussi pour s’y connaître un peu plus. Pour des français, nous n’étions pas les meilleurs élèves, mais peut-être que tout sera différent avec notre dégustation de bière !
One response to “EP. 4.1_Havelock North : nos deux semaines de woofing dans les orchards (vergers)”
[…] y est. Nous étions sur le point de terminer notre deuxième semaine de woofing à Havelock et nous pensions reprendre la route quand, deux ou trois jours avant notre départ, Ian […]