Courtrai fait partie de ces villes super accessibles depuis Lille, à peine à 30 minutes en voiture. En un rien de temps, on traverse la frontière et on se retrouve dans cette petite perle belge. Ce qui est vraiment top, c’est qu’on n’a même pas l’impression d’avoir quitté la région, et pourtant, l’ambiance change. Alors, direction Courtrai pour une journée à découvrir ses immanquables et s’imprégner de son charme unique.

L’église Saint-Martin
Première étape de notre visite, à peine arrivées. L’église Saint-Martin, située à deux pas de la Grand-Place, domine la ville et capte tous les regards. Sa tour de 83 mètres de haut se remarque de loin, impossible de la rater. Ce que nous ne savions pas, c’est que l’accès à la tour est gratuit. Mais avant de pouvoir profiter d’un panorama incroyable, il faudra s’armer de courage pour gravir ses 246 marches…
Pour la petite histoire, en août 1862, l’église a subi un véritable drame. La foudre s’est abattue sur l’édifice, enflammant le toit et provoquant l’effondrement des cloches. Malgré les dégâts considérables, de nombreuses œuvres d’art ont été sauvées, et le tabernacle est resté miraculeusement intact.



La placette qui borde l’église est vraiment jolie, surtout le soir, lorsqu’elle s’illumine à la tombée de la nuit. De l’autre côté, un mur coloré et décoré ajoute une touche artistique à l’endroit, créant une belle harmonie avec l’architecture environnante.




Les horaires sont généralement les suivants : le lundi de 14h à 19h30, du mardi au dimanche de 10h30 à 19h30, avec une nocturne le samedi jusqu’à 21h. Les 24 et 29 décembre, le marché ferme à 17h, et il est fermé le 25 décembre.
Errer dans le béguinage
Situé en plein cœur du centre-ville, le béguinage de Courtrai, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, n’est pas seulement une attraction touristique, c’est LA visite incontournable à faire à Courtrai. Ce petit havre de paix, érigé au XIIIe siècle, a été notre seconde étape dans la ville et notre véritable coup de cœur. Fondé en 1238 par la comtesse de Flandre et de Hainaut, le béguinage avait pour vocation d’offrir un refuge à des femmes, souvent veuves ou célibataires, leur permettant de vivre en communauté, se consacrant à Dieu, sans pour autant prononcer les vœux définitifs d’un couvent ou se couper complètement du monde.
Avec ses 41 maisons blanchies à la chaux, ce lieu paisible et intime m’a rappelé Bruges, et pour cause : il fait partie des 12 béguinages fondés en Flandre à cette époque. En flânant dans ses petites ruelles, on peut visiter la chapelle tranquille, passer par le musée (même si tout est en flamand, donc difficile à comprendre pour nous) et s’égarer dans les jardins secrets qui se dévoilent au détour de chaque ruelle. C’est vraiment un endroit où il fait bon se perdre et prendre le temps de profiter du calme.




Le Baggaertshof ou le petit béguinage
Très mignon et beaucoup plus récent, le Baggaertshof est une petite perle à découvrir. Ce site est une version plus petite des béguinages de Courtrai, avec ses 12 maisons disposées autour d’une cour carrée, transformée en jardin botanique. Ce jardin abrite plus de 200 variétés d’herbes médicinales, une conciergerie et une petite chapelle.
Le Baggaertshof a été fondé en 1638 par les sœurs Baggaert, et avait pour objectif d’héberger les veuves des pauvres ainsi que les femmes non mariées. Elles avaient des règles strictes à suivre, comme l’obligation de sonner la grande cloche. Les sœurs Baggaert, suivies de leurs héritiers, avaient aussi le pouvoir de décider qui serait accueilli.
Mignon, oui, mais ce n’a pas été notre coup de cœur. La micro-chapelle, assez angoissante et chargée, permettait aux pèlerins de prier la statue de Notre-Dame ter Olmen, sculptée par Jan Bolle Veys. Cette statue était censée favoriser la guérison des maladies nerveuses, des convulsions, des fièvres et autres affections.
Le Baggaertshof est plutôt bien surveillé, sous l’œil vigilant de ses habitants, qui ne nous lâchaient pas du regard, accoudés à leurs fenêtres.




L’église Notre-Dame et sa Chapelle des Comtes
L’église Notre-Dame est un lieu profondément marqué par l’histoire. Pour la Flandre, elle représente un symbole puissant, un témoin de l’art, du pouvoir, du recueillement, mais aussi du conflit. Une chapelle existait déjà en 1195, mais l’église actuelle a été érigée en 1199, à la demande du comte Baudouin IX de Flandre, juste avant qu’il ne parte en croisade. Les travaux ont été supervisés par sa femme, Marie de Champagne.
Après la bataille de Westrozebeke en 1382 (un petit clin d’œil aux Français), l’église a été largement détruite, avant d’être reconstruite. Plus tard, son intérieur a été aménagé dans un style baroque, apportant une nouvelle touche de grandeur.




Parmi les trésors à découvrir dans cette église, la Chapelle des Comtes (Gravenkapel), construite en 1370, est une véritable merveille. Elle abrite des peintures murales représentant les comtes de Flandre, ainsi qu’une statue de sainte Catherine, ajoutant une touche de beauté historique et spirituelle à cet édifice impressionnant.
Lorsque nous nous sommes rendues à l’église Notre-Dame, il se trouvait qu’une exposition interactive était en cours sur la célèbre bataille de Courtrai, également connue sous le nom de bataille des éperons d’or, qui opposa en 1302 les Flamands à l’armée française de Philippe IV le Bel. Les Flamands, qui n’étaient pas familiers avec les usages de la guerre, ont infligé une défaite écrasante aux chevaliers français. Le bilan fut lourd : plus d’un millier de morts du côté français, dont plus de 60 comtes et barons, plusieurs centaines de chevaliers, et plus d’un millier d’écuyers, contre quelques centaines de pertes chez les Flamands.
Une légende raconte qu’à la fin de la bataille, en guise de remerciement (ex voto), les combattants flamands auraient accroché cinq cent éperons d’or des chevaliers français tués dans le chœur de l’église. Cela aurait été perçu comme une profonde insulte par les Français, au point que le roi de France aurait ordonné l’incendie de Courtrai en 1382. Les éperons, emportés par les Bretons avec d’autres objets précieux, ont été remplacés par des copies, que l’on peut toujours admirer dans l’église aujourd’hui.




Déambuler dans le centre-ville de Courtrai et la Grand-Place
Courtrai, c’est petit, donc autant en profiter pour flâner dans ses charmantes rues piétonnes et découvrir le centre-ville à pied. Tout s’articule autour de la Grand-Place (Grote Markt), véritable cœur battant de la ville.
J’ai appris que Courtrai était autrefois une référence pour le shopping. Bon… on ne va pas se mentir, nous n’avions pas vraiment choisi le bon jour : entre les restaurants et les boutiques fermése, le dimanche, c’est un peu le No Man’s Land. Mais d’après ce que j’ai lu, la ville abrite plusieurs boutiques vintage, de quoi ravir les amateurs de fripes et de pièces uniques.
Autour de la Grand-Place, impossible de manquer le beffroi du XIIIe siècle, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ainsi que l’hôtel de ville, un bel édifice mêlant style gothique et Renaissance, dont la façade est ornée des sculptures des principaux comtes de Flandre. Un peu plus loin, en poursuivant votre balade, vous tomberez sur le théâtre de Courtrai et l’église Saint-Martin, deux autres incontournables du centre-ville.




Longer la Lys et admirer les Tours du Broel
Récemment restaurée, cette zone a été aménagée pour offrir de jolies promenades le long de la Lys. En vous y aventurant, vous pourrez rejoindre l’île de Buda, un quartier alternatif qui ravira les amateurs d’art et de culture. Entourée par la rivière, cette petite pépite créative abrite plusieurs lieux incontournables :
– La Tour Buda : une plateforme artistique où les talents de tous horizons peuvent s’exprimer librement.
– Le BUBOX : un espace dédié à l’art figuratif contemporain, mettant en avant des artistes qui explorent l’espace et leur environnement de manière singulière.
– Le Budascoop : un cinéma indépendant qui projette des pépites du 7ᵉ art en dehors des circuits commerciaux.
Et en été, Budabeach : un spot éphémère où l’on peut profiter d’une ambiance estivale en bord de Lys.
Ne manquez pas non plus les tours de Broel, véritables symboles de la ville et vestiges de l’architecture militaire médiévale. Ces deux tours imposantes, situées à proximité, sont reliées par un pont qui a dû être reconstruit après chaque guerre mondiale. Un morceau d’histoire à ne pas rater !




Où manger à Courtrai ?
J’avais repéré quelques bonnes adresses, notamment La Tarterie pour ses tartes salées et sucrées, ainsi que De KleinKeuKen, une adresse végane qui avait l’air franchement pas mal. Mais… manque de bol, on était dimanche et absolument tout était fermé. Autant dire que mes espoirs de bien manger se sont envolés aussi vite que mon enthousiasme. Ce sera donc pour une prochaine fois (et je garde surtout KleinKeuKen bien en tête, parce qu’il avait vraiment l’air bien).
Friends and more
Du coup, on s’est rabattues sur ce qui était ouvert – et autant dire qu’il n’y avait pas foule. On a fini par se réfugier au Friends and More, un petit resto situé en plein centre-ville. Pour une bière (pas incroyable, d’ailleurs) et deux petits croque-monsieur, on s’en est sorties pour une douzaine d’euros chacune. Heureusement, la petite biscotte apéritive offerte « pour réchauffer les cœurs » a adouci la note.
Niveau ambiance, on ne va pas se mentir : ce n’était pas la grande découverte culinaire du siècle, mais les propriétaires étaient adorables. Ils nous ont super bien accueillies, ont pris le temps de discuter avec nous, de nous demander d’où on venait et ce qu’on faisait dans le coin.



